[Archivage] Messes à l'Eglise de Gueret - de janvier à mars 1457

[ Messe du dimanche 4 janvier ]

Le premier dimanche de l'année était assez éloigné du jour de l'an pour que les paroissiens aient décuvé et puissent venir sobre à l'église – et le curé aussi d'ailleurs.

Bienvenu à tous; je vous souhaite une Très Bonne Année 1457 pleine d'Amitié Aristotélicienne.

Je vous propose de bien commencer cette année en chantant ensemble le Crédo, afin d'affirmer notre Foi et notre espoir que le Très Haut nous apporte de nombreux bienfaits tout le long de l'année.



Aujourd'hui, je voudrais vous parler d'une des plus anciennes hérésie : il s'agit de l'hérésie Bisounours. Peut-on d'ailleurs parler d'une hérésie ? Cela se passait juste après la chute de Oanylone, avant la naissance d'Aristote et de Christos.

A cette époque, les survivants de Oanylone se dispersèrent, et certains suivirent le premier Philosophe de l'Histoire, Ânani Mhour. Mais d'autres choisirent une autre voie:

Vita de Sainte-Kyrène a écrit:

Parmi les tribus qui avaient fui la cité d’Onalyone, il y avait une tribu portant le nom de Bisounours, on sait qu’ils avaient une vision de la vie très tournée vers Dieu, mais de façon assez simpliste.

Les Bisounours vivaient à l’écart des autres, car ils ne voulaient pas trop qu’on leur fasse des remarques sur le fait qu’il mettait tellement l’amour au-dessus de tout qu’ils en oubliaient de travailler et vivaient donc surtout au crochet des autres. Pour eux, Dieu vivait tout là haut, au pays des arcs-en-ciel et des nuages douillets, dans un royaume merveilleux où à leur mort, ils seraient reçu sans être jugés, puisqu’ils vivaient sans malice d’amour et de fêtes.
Prenant la réponse d’Oane au pied de la lettre, pour eux la seule chose demandée par le Créateur était de s’aimer et de l’aimer, chacun sa place et la leur était clairement de faire la fête.

Dans la grande cité, ça ne dérangeait personne et au contraire on aimait les inviter aux fêtes, car ils n’avaient pas leur pareil pour inventer des concours et des thèmes de fêtes pour n’importe quel sujet. Il avait fait bien entendu des concours de celle qui avait la plus belle coiffure, celui qui avait les plus beaux pectoraux, les plus jolis mollets et même organisaient des courses d’escargots. Ils aimaient tant les fêtes, qu’ils se mariaient juste pour en avoir une et demandaient l’annulation du mariage en inventant des vices de procédures lors de grand concours... on dit même qu’ils avaient organisé des concours sur les plus belles raisons d’obtenir le divorce et avaient demandé aux législateurs d’étudier un texte de loi, qui limiterait la validée du mariage pour ainsi économiser une procédure en séparation qui étaient très coûteuse à l’époque et qu’en général les Bisounours étaient toujours fauchés.

Bref vous comprendrez que tout ça était très amusant, mais qu’après la punition de notre Créateur les survivants ne désiraient plus trop ne penser qu’à des futilités même pour favoriser l’amour de son prochain.
De plus, la vie était dure et si le partage était de mise, tout le monde devait participer ce qui n’était pas du goût des Bisounours.

Les Bisounours désignèrent leur Miss et Mister sourire comme chef, et celui-ci vint chaque soir trouver Mhour pour lui demander de contacter Oane et demander qu’ils aient leur propre oasis puisqu’ils n’étaient plus les bienvenus... ce à quoi Mhour finit par répondre : « aide-toi et le Ciel t’aidera ».

Les Bisounours firent un concours pour trouver la meilleure explication et décidèrent de suivre l’explication gagnante «si on se tire, Dieu que nous aimons ne nous abandonnera pas et on aura notre oasis »
Ils firent donc une grande fête d’adieu et partirent avec un minimum de bagage, histoire de ne pas se charger puisque Dieu viendrait satisfaire à leur besoin le moment voulu.

Malgré tout, les sages des autres tribus tentèrent de les dissuader de partir, mais ils dirent que rien ne pouvait leur arriver, car ils aimaient Dieu et attendaient que Lui à son tour les sauve par amour.
Mhour eut beau les sermonner et leur dire que chaque action que nous faisons détermine ce que nous devenons, et que le Créateur attend de nous que notre amour soit sans condition. Ils n’écoutèrent qu'eux même et prirent la route vers le levant, sans même admettre qu’ils retournaient en fait vers le lac salé qui recouvre les ruines de la cité maudite.
On n’entendit plus parler d’eux en dehors de contes pour enfants où on parle de gens qui pensent que tout est amour gloire et beauté...

Les Bisounours ont-il réellement disparus ? Oui et non. En tant que tribu, ils n'existent plus, mais c'est un état d'esprit qui ressurgit périodiquement. Ainsi, on a trouvé, dans certaines églises, des vitraux de ce genre.

Et Ijarkor leva un livre ouvert où était reproduit une icône bisounours.



Puis il reposa le livre, et reprit la parole.

Pourquoi vous parle-je de cela ? Parce que les fêtes de fin d'année sont souvent une source de béatitude qui risque de raviver l'hérésie Bisounours. Et que faire pour éviter cela ? Il existe une excellente coutume: faire de bonnes résolutions de début d'année !

Car les bonnes résolutions, c'est un moyen de se donner un objectif, et de se motiver afin de lutter pour qu'il se réalise. C'est donc l'opposé de la philosophie Bisounours, qui consiste à tout attendre de notre Créateur. Alors faites de bonnes résolutions, aristotéliciennes bien sur: vous montrerez ainsi au Très Haut que vous prennez votre vie en main, et que vous approuvez les paroles d'A. Mhour: « aide-toi et le Ciel t’aidera ».

Maintenant, je vous invite à venir partager le pain et le vin, et ainsi communier avec moi dans la Foi et l'Amour de Dieu et de sa Création.



Allez en paix et commencez l'année avec plein de volonté et d'espoir pour l'avenir.

[ Messe du dimanche 11 janvier ]

Le temps sec avait transformé la neige en glace, et se déplacer dans les rues de Guéret était qelque peu périlleux. Néanmoins, quelques fidèles avaient tout de même trouvé le chemin de l'église. Les élections comtales s'achevaient le surlendemain, aussi Ijarkor avait apposé sur les portes des affiches encourageant les citoyens à aller voter.



Une fois tout le monde installé, Ijarkor commença sa messe.

Bonjour mes amis,

Comme vous le savez sans doute, les élections du conseil ducal s'achèvent dans deux jours. Elles opposent deux listes:

• La liste sortante, ULM, dirigée par le baron Trokinas de Perpezac le Noir.
  
• La liste Renaissance, dont le chef de file est messire Jakamer.

Trokinas et Jakamer

Un débat très constructif a eut lieu en gargote, et a montré que les deux listes contiennent des personnes de valeurs et responsables. Néanmoins, j’entends que certains, ça et là, hésitent sur la liste pour laquelle voter. J’en entend même qui se demandent si tout cela vaut bien la peine.

Ijarkor fit une pause pour laisser ces questions pénétrer l’esprit de son public.

Sur ce dernier point, le Livre des Vertus est clair : Ne pas voter est un péché ! En effet, c’est une forme particulière d’acédie que de se détourner de la politeia.

Comme Aristote l’expliquait à ses disciples:

Le livre des Vertus – Vita d’Aristote – La morale a écrit:

La nature de l’homme est de vivre en collectivité, et cette collectivité prend le nom de cité. (…) Le bien de l’homme, c’est à dire ce qui tend à réaliser la perfection de sa propre nature, est donc une vie vouée à assurer les conditions de l’harmonie au sein de la cité. L’homme ne fait le bien qu’en s’intégrant pleinement à la cité, en participant à la politéïa, et en faisant tout son possible pour en maintenir l’harmonie.

Donc la chose est entendue et clairement démontrée : Ne pas voter, c’est refuser de participer à la politéïa. Donc, c’est refuser sa propre nature d’être humain, c’est se rabaisser à la condition d’animal, c’est donc refuser le don que Dieu nous a fait : l’esprit.

C'est la raison pour laquelle j'ai collé sur les portes de l'église des enluminures que j’ai fait faire par un artiste de Limoges.

Mais pour qui voter me direz-vous ? Et bien une fois encore, le Livre des Vertus nous donne la réponse !

Devant l’air étonné de certains, Ijarkor repris :

Non non, inutile de chercher : ni messire Trokinas, ni messire Jakamer ne sont cités dans le Livre des Vertus. Il s’y trouve néanmoins un passage qui peut aider les indécis.

En effet, Aristote fit un jour un songe, celui d’une cité idéale, parfaite, où tous vivaient en une fabuleuse harmonie. Voilà ce qu’il explique à Sargas, le plus doué de ses disciples :

Le livre des Vertus – Vita d’Aristote – Le songe a écrit:

Cette cité est organisée selon le principe de trois cercles concentriques, ou trois classes de citoyens si tu préfères.

Je commencerai par te décrire ce qui constitue la plus basse de ces classes, à savoir celle des producteurs, la classe d’airain. Ils constituent la majorité, et vivent paisiblement de la culture de leurs champs et de l’élevage de leurs bêtes. (…) Ils connaissent les joies de la tranquillité, d’une existence simple au service de la collectivité (…).

La seconde classe de citoyens, la classe d’argent, est celle des gardiens, des soldats. (…) Ils philosophent, (…) s’instruisent quel que soit leur age, s’entraînent au maniement des armes. En temps de guerre, ils se font les plus fervents défenseurs de la cité. Leur courage n’a pas d’égal, et ils donneraient leur vie, sans hésitation, pour la conservation de la communauté, ou pour défendre leur foy qu’ils placent en très haute estime. (…)

La troisième classe de citoyens est celle des philosophes rois, la classe d’or. Ceux là sont les plus anciens, recrutés parmi les gardiens qui se sont montrés les plus braves, les plus aptes au commandement, et les plus doués en matière de philosophie. Leur seul bien est la raison, car ils sont délivrés de leurs possessions terrestres. Leur foy en Dieu est leur seule arme. Ils s’illustrent par la pratique des vertus de la manière la plus parfaite. (…) Les philosophes rois constituent le gouvernement de la cité. Ils décident collégialement de ses destinées.

Ainsi chers amis, vous savez maintenant comment choisir ceux qui vous dirigent. Examinez leurs actions, et voyez s’ils ressemblent à ces « philosophes rois » dont nous parle Aristote. Ceux-là sont les plus sages des hommes, et méritent vos suffrages.

A présent, je vous invite à la prière, et cette fois je ne vous dirais pas pour qui prier. Je voudrais simplement que chacun pense à ceux qu’il aime le plus, et prie pour leur bonheur, et pour qu’ils ne s’écartent pas du chemin de la Vertu, afin que ce bonheur se prolonge éternellement.



Avant de nous séparer, que ceux qui le souhaitent me rejoignent pour communier par le partage du pain et du vin, qui n'est autre que la matérialisation du partage de notre Foi.



Allez en paix mes amis.

[ Messe du dimanche 18 janvier ]

Bonjour mes amis, et bienvenu en ce froid dimanche dans la Maison du Très Haut.

Vous le savez sans doute, le Limousin vit des jours douloureux, en raison de la Peste qui y fait des ravages. Heureusement, Guéret est pour l'instant préservée de ce fléau; mais j'aimerais que nos pensées se tournent vers nos frères et nos sœurs qui souffrent à Bourganeuf, Ventadour, Rochechouart ou Limoges, et que nous adressions nos prières au Tout Puissant afin qu'Il les délivre du Mal.



Malgré cette tragédie, nous ne devons pas perdre notre Foi en l'avenir, et garder l'espoir qu'un monde meilleur viendra un jour sur notre Terre, quand tous les Fidèles construiront ensembles une véritable Amitié Aristotélicienne.

Je vais vous lire un passage du Livre des Vertus qui montre bien cette espoir, et qu'illustre l'un des vitraux de notre église.



Ijarkor ouvrit le Livre des Vertus au début de la Vita de Christos.

Vita de Christos a écrit:

Maria vivait avec Giosep qu’elle allait épouser. Tous deux étaient d’humbles vagabonds, mais ils vivaient dans la vertu, en remerciant le Très Haut des bienfaits terrestres dont ils jouissaient. En outre, ils éprouvaient l’un pour l’autre un amour sincère et pur de toute luxure, leur vie était heureuse. Mais un jour, Maria vit en songe un cavalier venant de loin aller à sa rencontre. Arrivé devant sa maison, il mit pied à terre. C'était un homme d’allure majestueuse; il s’avança, et dit :

" Maria, n’aie crainte, car l'Eternel t’aime et t’a choisie. Aussi, un enfant va naître de toi, que tu nommeras Jeshua. Il sera un guide, un messie habité par Dieu. Il portera la parole de Dieu partout ou il lui sera donné d’aller et sauvera le peuple de ses péchés en lui enseignant la sagesse d’Aristote. "

Le cavalier repartit ensuite vers sa contrée lointaine comme il était venu. Maria se réveilla à ce moment là et vit Giosep devant elle la regarder avec des yeux amoureux.

Et il advint ce que le songe avait annoncé, Marie conçut un enfant, et les deux parents firent en tout selon la prophétie d’Aristote, le nommant Jeshua.

L’Enfant naquit à Bethléem, en Judée. Du fait du surpeuplement qui existait alors dans cette ville, le couple ne trouva pour se loger qu’une bicoque délabrée car il n’y avait plus de place ailleurs pour les accueillir. Mais lorsque l’enfant naquit, celui-ci semblait, à tous ceux qui le virent, être touché par la grâce divine, car il rayonnait de douceur et de calme. Si bien que les gens du petit village se cotisèrent pour que cet enfant béni de Dieu ait tout ce qui lui était nécessaire. Les uns amenèrent du linge, d’autres contribuèrent à la rénovation de la bicoque et d’autres encore amenèrent des vêtements neufs et de la nourriture aux deux heureux parents.

Maria était transfigurée par le bonheur. Sa joie la rendait lumineuse et elle remerciait chaque jour le Très Haut de la naissance de cet enfant.

Ijarkor referma le Livre des Vertus.

La plupart d'entre vous sait pourquoi j'ai choisit ce passage. Parce que ce bonheur de la vie naissante, si habituel et miraculeux à la fois, a récemment illuminé le visage de deux heureux couples dans notre ville. Ces couples, eux-aussi, ont foi en un avenir meilleur pour leur enfant, avenir qu'ils construisent jour après jour. Et cette foi en l'avenir, c'est l'une des sept Vertus qui sont le chemin vers le Très Haut, la Vertu de Sainte-Raphaëlle, la Conviction.

Alors souhaitons la bienvenu à Maât et à Alexandre, en partageant le pain et le vin dans la communion des esprits.



Bon dimanche, et soyez bénis.

Toujours préoccupé par la peste qui sévissait en Limousin, Ijarkor arriva dans l'église pour l'office.

Apprennant de messire Valmer la triste nouvelle de la mort de Clair_de_Lune, Ijarkor se dit que l'hiver était bien rude pour les vagabonds et les jeunes paysans. S'adressant à Valmer:

Vous avez raison messire Valmer, son court passage sur terre mérite malgré tout une messe.

Il se dirigea vers le préchoir en silence, ne voulant pas déranger le deuil d'Arthaud.

[ Messe du dimanche 25 janvier ]

Mes amis, bienvenue en l’Eglise de Gueret

Comme vous le savez, la peste continue à faire des ravages dans notre Comté, et les frontières ont été fermées par les autorités. Guéret est heureusement préservé de cette maladie, mais elle ne l'est pas du deuil. En effet, les rigueurs de l'hiver n'épargnent pas les vagabonds et les jeunes paysans qui viennent juste de s'installer dans notre ville, et cela quelque soit les efforts que nous faisons tous pour les accueillir au mieux.

Aujourd'hui, j’aimerais que nous consacrions nos prières à l'une de ces innocentes victimes de la rudesse du monde, dame Clair de Lune, arrivée à Guéret il y a un peu plus de trois mois. Elle s'était très bien intégrée dans notre communauté, et nombreux pleurent son départ.



Nulle doute qu’elle tient maintenant compagnie à Aristote et Christos au Paradis, et demain, quand le soleil se lèvera, ayez une pensée pour elle, car c’est la-bas qu’elle doit être. En effet, comme le raconte Sypous dans le Livre des Vertus :

Livre des Vertus a écrit:

J’ai compris le sens du Salut. Lorsqu’un humain a vécu dans la vertu, s’étant ainsi conformé à Ta divine parole, transmise par le prophète Aristote et par Christos, le messie, Tu lui accordes le droit d’accéder en ces lieux, au Paradis, au sein du soleil.

Mais il est fort possible que Clair de Lune, étant donné son jeune age, ait choisit la troisième voie. Car, comme le Très Haut le propose à Sypous dans le Livre des Vertus :

Livre des Vertus a écrit:

Mais, si tu penses que ton temps n’a pas encore été accompli, que tu n’as pas encore fait tes preuves devant Moi, tu peux décider de revenir à la vie. (…) Ceux qui ont opté (…) pour la résurrection ne gardent pas traces de leur périple céleste dans leur mémoire. Ainsi, leur comportement ne change que si la leçon s’est gravée au fond de leur coeur.

Et si c'est le cas, elle est revenu quelque part sur notre Terre, dans le corps d'un enfant. Un enfant qui a tout oublié de sa vie passée, sauf peut-être, l'amour que les Guéretois lui ont prodigué. Car seuls ces sentiments profonds sont capables de subsister au delà du trépas. Et c'est pourquoi l'amour que nous exprimons n'est jamais perdu.

Ijarkor fit une pause. Puis, prenant une citole, Ijarkor fit raisonner quelques notes pour accompagner la prière aux défunts:



Ijarkor laissa les dernières notes s’estomper et le silence s’installer à nouveau, avant de reprendre :

A présent, je vous invite à la Communion, par le partage du pain et du vin, dans l'espoir de l'avénement de la Véritable Amitié Aristotélicienne.



Que le Très Haut vous bénissent, et à dimanche prochain.

En ce froid dimanche matin de février, Ijarkor ouvrit l'Église de bon heure pour accueillir les paroissiens venus à la Messe, mais aussi ceux qui souhaitaient assister aux baptêmes de Toinos et Lyss.

La cérémonie des baptêmes devait avoir lieu juste après l'office, pour lequel Ijarkor fit résonner comme de coutume les cloches de la petite église... voir même un peu plus fort que d'habitude parce que sonner les cloches, ça réchauffe !

[ Messe du dimanche 1er février ]

Bienvenu à tous. C'est aujourd'hui un jour de fête pour la construction de l'Amitié Aristotélicienne, puisque nous allons tout à l'heure accueillir parmi les Fidèles deux Guéretois, messire Toinos et dame Lyss,

Mais que cette joie légitime ne nous fasse pas oublier ceux qui souffrent, et en particulier ceux qui à Ventadour, à Bourganeuf, à Limoges et à Rochechouart, luttent contre les ravages de la peste et voient parfois mourir leur proches. Chantons ensembles pour eux le Credo.



Mais d'où vient-elle, cette fichue peste ? La question est naturelle, mais j'entends ici et là des réponses qui sont souvent des contre vérités !

Certains sont persuadés qu'il s'agit d'une malédiction de la Bête Sans Nom. Hérésie ! La Bête Sans Nom rode en effet sur le Monde, mais son rôle n'est point de faire le Mal. Rappelons-nous ce que dit à son sujet le Livre des Vertus:

Citation :

Puis, Dieu tourna Sa voix en direction de la créature qui avait affirmé la domination du fort sur le faible. Il lui dit : “Puisque tu es si sûre de ton choix, je te laisse l’occasion de le prouver. Tu conserveras ton esprit, mais ton corps sera fait d’ombre. Ainsi, tu vivras, seule, côtoyant les humains, jusqu’à ce que Je te délivre de ta peine. Ainsi, personne ne te verra et personne ne te nommera, car J’ai Moi-même décidé de ne pas le faire.”

et aussi

Citation :

Dieu n’intervint plus dans le monde, laissant Ses enfants vivre et prospérer. Il avait donné à la créature qu’Il n’avait pas nommée la liberté de les tenter pour qu’ils doivent avoir à choisir entre le chemin de la vertu et celui du péché.

Ainsi, la Bête Sans Nom n'est-là que pour nous tenter et nous pousser vers le Péché, comme elle tenta jadis Christos dans le désert, et non pour nous infliger des maux divers... que nous sommes malheureusement fort capables de nous infliger nous-même si nous succombons à son influence.

Ne prêtons pas à la Bête Sans Nom des pouvoirs qu'elle n'a pas: ce serait tomber dans l'hérésie Pastafariste !



D'autres voient en la peste une punition du Très Haut. Hérésie encore ! La peste tue sans distinction, le Vertueux comme le Pécheur, et épargne avec la même indifférence. Et ce serait bien orgueilleux de la part des Guérétois de se croire plus vertueux que les autres limousins, sous prétexte que leur ville est la seule épargnée.

Certes, notre Créateur peut très bien choisir d'intervenir sur le Monde qu'il a créé, Mais s'il le fait, ce sera, comme le révèle le rêve d'Ysupso, pour le détruire:

Citation :

Alors, Dieu, d’une voix douce et apaisante, me dit: “Vois, comment risque de finir le monde que tu aimes tant. Il sera détruit par l’eau, la terre, le vent et le feu. Mais n’aie crainte, car si vous vous montrez vertueux, vous pourrez éviter ces inutiles souffrances. Et que ceux qui vivent dans la vertu ne s’inquiètent pas, car jamais Je n’oublie ceux qui M’aiment.”, me dit le Très Haut.

Mais en attendant ce moment, qui j'espère n'arrivera jamais, le Très Haut nous laisse nous débrouiller avec la Liberté qu'il nous a offert. Croire qu'il intervient pour un oui ou pour un non, pour nous punir ou nous récompenser, c'est tomber dans l'hérésie Bisounours.

Non, le rôle de la peste est tout autre ! Mais j'en parlerais pendant la messe de dimanche prochain.

Pour le moment, il est temps d'acceuillir au sein de la communauté des Fidèles messire Toinos et Dame Lyss, à qui je demande de me rejoindre près de l'autel.

Suite du baptêmeici.

[ Messe du dimanche 8 février ]



La neige était tombée drue la nuit dernière, et à force de marcher dans la neige, Ijarkor arriva tout trempé à l'Eglise. Il s'empressa de rallumer les braseros, afin de se sécher et de réchauffer les vieilles pierres centenaires qui formaient les murs de la Maison du Très Haut.

Petit à petit, les paroissiens les plus courageux vinrent s'installer pour l'office. Ijarkor monta au clocher pour sonner Tierce, puis redescendit et se dirigea vers le préchoir.

Les Fidèles s'étant installés, Ijarkor put commencer l'Office.

Bonjour mes amis.

Le froid et la neige recouvrent encore notre beau village, mais chaque matin, le soleil de lève un peu plus tôt et si ses rayons sont encore froids, ils nous illuminent chaque jour plus longtemps.

Alors, en levant les yeux vers lui, n'oubliez pas qu'il est la demeure des Saints et des Justes; aussi, de même que la chaleur de son feu réchauffe notre peau, laissons les paroles que nous ont laissé les hommes Vertueux des temps passés réchauffer notre cœur.

Écoutons donc l'une des méditation de Saint-Barnabé:

Et Ijarkor ouvrit un livre intitulé « Les dix méditations de Saint-Barnabé », sur lequel figurait un portrait du Saint guérissant un malade.

Citation :

Septième Méditation

Se promenant entre Saintes et La Rochelle, Barnabé rencontra un homme, sur le bord du chemin, assit sur un tronc couché sur le sol, il pleurait. Barnabé s’arrêta et s’assit à côté de lui. L’homme ne se fit pas prier, à peine assit, il raconta tous ses malheurs à Barnabé, il avait vraiment besoin de parler. Sa femme était partie, sa récolte avait été miséreuse, deux de ses quatre vaches étaient mortes, ses amis lui avaient tourné le dos, bref, ces derniers temps n'avaient pas été rose pour cet homme. Alors Barnabé lui raconta cette histoire :

Un jour, l’âne d’un fermier tomba dans un puits.
L’animal gémit pitoyablement pendant des heures et le fermier se demandait bien ce qu’il allait faire. Finalement, il se rappela que l’animal était vieux et que, de toutes façons, le puits devait disparaître. Il en conclut donc qu'il n’était pas rentable de tenter de récupérer l’âne.

Il appela tous ses voisins et leur demanda de venir l’aider. Chacun saisit une pelle et ils commencèrent à combler le puits. Au début, l’âne, réalisant ce qui se produisait, se mit à crier terriblement. Puis, à la stupéfaction de tout le monde, il se tût.

Quelques pelletées plus tard, poussé par la curiosité, le fermier regarda finalement dans le fond du puits et fut étonné...

A chaque pelletée de terre qui tombait sur lui, l’âne réagissait aussitôt : il se secouait pour enlever la terre de son dos et piétinait ensuite le sol sous ses sabots. Pendant que les voisins du fermier continuaient à jeter de la terre sur l’animal, il se secouait et montait toujours plus haut. Bientôt, tous furent stupéfaits de voir l’âne sortir du puits et se mettre à trotter !

La vie va essayer de vous engloutir sous toutes sortes d’ordures et de décombres. Pour se sortir du trou ? Se secouer pour avancer ; chacun de nos ennuis est une pierre qui permet de progresser. Nous pouvons sortir des puits les plus profonds en n’arrêtant jamais de nous battre.

Barnabé se releva, pris l’homme par l’épaule, pris la corde attachée aux deux vaches du fermier, et ramena tout le petit monde à Saintes…

Ijarkor referma le Livre avant de reprendre la parole.

Pourquoi vous ai-je raconté cette histoire ? A cause de la Peste !

Dimanche dernier, nous avons vu que l'origine de ce fléau ne doit pas être recherché ni du côté de la Bête Sans Nom, ni du côté du Très Haut. Alors, d'où vient-elle ?

La vérité est que la peste n'est rien d'autre que l'une de ses « ordures » dont parlait Saint-Barnabé. Et si notre Créateur a créé un monde où de tels fléaux peuvent d'abattre à tout moment, c'est justement pour que nous luttions ensembles contre eux, et que par cette lutte, nous progressions spirituellement et construisions main dans la main l'Amitié Aristotélicienne qu'Il souhaite.

Heureusement, nous, les hommes, avons créé une arme contre de tels fléaux: il s'agit de la Médecine. Cette semaine, Dame Nennya, la Rectrice de l'Hôtel-Dieu, est venue dans notre duché pour faire profiter les Limousins de ses vastes connaissances. Des membres de l'Ordre Royal de la Licorne sont en route pour protéger nos routes, et d'autres Ordres royaux ont été appelés. Ainsi, la peste, ce grand malheur qui ne connait ni les frontières ni les différences entre les hommes, est l'occasion d'une coopération qui elle-même dépasse les frontières et les catégories sociales.

Espérons qu'une fois la maladie disparue, nous n'oublierons pas l'esprit d'amitié et d'entraide qui s'est installé en Limousin, et qu'ainsi cette peste infâme nous ait fait progresser vers plus de générosité et de tolérance les uns envers les autres.

A présent, je vais laisser la parole à Dame Estoile, diaconesse de Bayeux, en Normandie. Dame Estoile est venue en compagnie de la rectrice de l'Hôtel-Dieu pour participer à la lutte contre la peste. Elle réside en ce moment près de Gueret, et a accepté de conduire la prière ce dimanche.

Et Ijarkor descendit du préchoir pour inviter Estoile à y monter.

Estoile a écrit:

Estoile écouta attentivement le prêche du curé et quant elle entendit ses mots ... " la peste n'est rien d'autre que l'une de ses « ordures ", elle ne pût s'empêcher de tressaillir intérieurement quelques instants ... pour être une ordure c'en était bien une qui décimait toute une région et en cela il fallait agir vite .
Elle trouva que le prêtre s'y prenait à merveille pour choisir ses mots et savoir parler sciemment et fermement à ses paroissiens.

Invitée à monter au prêchoir , ce qu'elle fit de suite , elle murmura au curé Ijarkor... COMMENT ils en sont sages vos ouialles ... il n'eut pas le temps de répondre que déjà elle allait s'adresser au guéretois ... Quant .... les yeux en l'air ; elle tourna rapidement sept fois la langue dans sa bouche car Guéret n'étant pas Bayeux , elle ne se voyait pas leurs dire comme à son accoutumée ... Boujou EL MONDO PEUPLE DE GUERET .... comment cela va-t-il bien en ce jour d'hui ??? ....et à ce moment précis en l'église de l' Amitié sur l'Aure à Bayeux; elle avait l'habitude de leurs lancer des sucettes au calva pour qu'ils l'écoutent .... ce n'était pas du calva , mais ça y ressemblait et c'était suffisant pour qu'ils l'entendent ... les bayeusiens, sacrés grands fêtards n'avaient pas toujours leurs oreilles dûment bien ouvertes le dimanche matin et ce loin s'en faut ; alors elle les réveillait à sa manière sinon ils s'endormaient pendant ses lecture ; elle devait avoir une voix soporifique. Aussi , n'étant pas dans sa normandie natale , elle fit simple

- Bonjour cher peuple de Guéret et Merci à vous et votre curé Ijarkor de m'acceuillir si gentiment .-
- je vais donc dès à présent , vous citer une prière de Saint Roch , prière salvatrice qui permet de venir en aide à ceux affectés par la peste et d'ainsi les aider dans leur si douloureux malheur, eux et leurs familles :

Ouvrant le livre des vertus à la page convenue , elle continua ainsi:

Citation :

O SAINT ROCH, O ARISTOTE

Prêtez-nous, O choeurs angéliques,
Vos voix et vos concerts pieux,
Pour chanter par de saints cantiques,
Saint Roch, le patron de ces lieux.

O Saint Roch, O Aristote,
De ton bras, nous venons implorer le secours,
Garde nous de la peste, entends notre prière,
Et soutiens tes enfants toujours.

Très Haut dès qu'il lui donna son coeur.
Non jamais pour lui d'autre Maître
Pour lui jamais d'autre bonheur.

Il part et ne prend pour partage
Que le bâton de pèlerin
Le ciel veille sur son jeune âge
Les anges gardent son chemin

tendant le livre saint vers l'assemblée des fidèles, ...tous ensemble ils reprirent avec elle la prière qu'elle récita une seconde fois.

Ijarkor chanta avec les autres la prière à Saint-Roch, qu'embellissait la voie mélodieuse de la diaconesse. Puis, il se leva et la rejoignit au préchoir.

Merci ma sœur pour cette belle prière particulièrement adaptée à ce temps et à ce lieu.

Puis, se tournant vers les Fidèles.

A présent, que ceux qui le souhaitent nous rejoignent près de l'autel pour communier grâce au partage du pain et du vin, qui n'est autre que la matérialisation du partage de notre Foi.



Allez en paix mes amis, et que cette paix s'accompagne d'une bonne santé, que vous saurez préserver grâce aux conseils et aux remèdes des médecins.

[ Messe du dimanche 22 février ]



La neige avait une fois de plus recouvert le village d'un blanc manteau, et Ijarkor avait eut toutes les peines du monde à faire sonner les cloches, prises dans une gangue de glace. Ce travail physique réalisé, il redescendit dans la nef, pour une tache plus spirituelle: conduire l'Office.

Bienvenu à tous

Ce jour est doublement celui du Très Haut. D'abord, parce que c'est celui où nous perpetuons cette antique tradition, celle de la messe et de la communion; une tradition presque aussi vieille que l'humanité, puisqu'elle remonte à la fondation de Oanylone. A cette époque:

Livre des Vertus a écrit:

Et le dimanche, avant le repas, ils se réunissaient au milieu de leurs habitats, autour de la tombe d’Oane, pour prier ensemble Celui qui les aimait tant. En effet, ils n’avaient pas encore de clercs, car n’en avaient pas encore l’utilité, étant en communion directe avec Dieu.

Mais aujourd'hui, une autre tradition, elle aussi voulue par le Très Haut, va se perpetuer. Il s'agit des élections de notre Maire. Alors, même s'il n'y a qu'un seul candidat, sachez que vous honorerez votre Foi en allant voter, car c'est la volonté de Dieu qui s'exprime au travers de votre vote.

Ce candidat, vous la connaissez, est Dame Aimadina. Une rude tache l'attend, aussi nous allons prier tous ensembles pour qu'Aristote la guide tout au long de son mandat, afin qu'elle prenne les justes décisions pour Guéret et pour le Limousin.



Ces derniers temps, je suis souvent à Bourges, à l'archevêché, où je guide les Croyants pendant les pastorales qui les mèneront au baptême et au statut de Fidèles. A cette occasion, on me pose souvent la question suivante:

Puisque Dieu a défini notre Nature Humaine, comment se fait il que certains d'entre nous ne se sentent aucunement intéressé par Lui, que d'autres se tournent vers des Hérésies, que d'autres encore ignorent les Vertus et se complaisent dans le Péché ?

La réponse à cette question, la plupart d'entre vous la connaissent : Le Très Haut nous a créé libre. Mais je vais développer un peu.

Et Ijarkor brandit un grand sablier en bois qu'il avait amené pour l'occasion



Vous connaissez tous cet instrument. Le sable, situé dans la partie supérieur, est attiré de part son poids dans la partie inférieure, par la force de pesanteur. La durée de ce mouvement nous permet de mesurer le temps.

Et bien nous aussi, nous sommes des grains de sable déposé sur la Terre par le Très Haut. Mais le mouvement qui nous régit est tout autre. Il est décrit ainsi dans le Livre des Vertus:

Livre des Vertus a écrit:

Mais, pour que Dieu et la vie puissent s’aimer mutuellement, il fallait que cette dernière s’efforce constamment de se rapprocher de la perfection divine. Car elle était incapable de l’égaler. Le Très Haut créa donc le troisième mouvement: les choses supérieures iraient vers Dieu. Ainsi, la matière dont la vie était composée étant une chose lourde, elle fut posée sur le monde, car elle allait vers le bas. Mais, comme elle était aussi composée d’esprit, qui était une chose supérieure, elle tendrait vers la perfection divine.

En fait, les choses ne sont pas aussi simple: car les grains de sable n'ont pas de volonté. Ils ne peuvent donc pas résister à la pesanteur. Ce n'est pas le cas des hommes. Nous sommes destinés à nous élever vers Dieu, du fait du Troisième mouvement, et donc à nous baptiser, mais nous avons le choix de le faire ou non. Nous pouvons résister au Troisième mouvement, et rester en haut du sablier. Mais ceux qui font cela renoncent pour toujours au paradis.

Ce Troisième Mouvement est donc une sorte de pesanteur inversé... la pesanteur entraine la matière vers le bas, tandis que le Troisième Mouvement entraine l'esprit vers le Très Haut, du moins si on ne lui résiste pas en succombant aux Péchés.

Ijarkor fit une pause avant d'enchaîner:

Dans les pastorales, certains me posent alors une autre question: Pourquoi Dieu nous a-t-il donner cette liberté ? Une fois encore, nous trouverons la réponse dans le Livre des Vertus:

Citation :

Dieu est la Matière Première à partir de laquelle tout est créé. La matière, l’énergie, le mouvement et le temps sont eux-mêmes composés de Lui. Ceci fait que tout ce qui existe, ainsi que le Néant lui-même, fait partie de Lui.

Ainsi, la liberté que nous avons est tout simplement une partie de la Liberté Divine, puisque nous sommes composés d'une partie de Lui. On peut aussi dire qu'Il nous a créé à Son image: Il est libre, et donc nous le sommes aussi.

Puisque la création est une partie de la substance divine, elle ne peut être différente de ce qu'elle est. Donc, la vrai question est tout simplement: Pourquoi la Création ?

Et sur ce point, je n'ai pas de réponse, et il n'y en a pas dans le Livre des Vertus. Peut-être en recevons-nous une quand, à l'issue de notre vie, nous nous retrouvons en Sa présence. Nul de le sait, bien qu'il existe de nombreuses théories à ce sujet toutes aussi fabuleuses les unes que les autres.

Ijarkor sourit en pensant à l'une d'entre elle qu'il trouvait particulièrement ridicule.

Un ermite fou prêchait jadis la théorie dite du "Deus Ex Machina". Il racontait que nous ne serions rien d'autres que des atomes d'énergie dans une Machine, destinée à amuser des hommes vivant dans un autre univers... et que ces hommes eux même sont des éléments d'une autre Machine avec laquelle jouent d'autres hommes, et ainsi de suite à l'infini ! Quelle théorie absurde... a priori ! Car les desseins du Très Haut sont impénétrables.

Sur ces considérations, je vais terminer cette homélie interminable en vous invitant à venir communier, en partageant tous ensemble le pain et le vin de l'Amitié Aristotélicienne.



Que le Très Haut vous bénissent, et à dimanche prochain.

[ Messe du dimanche 1er mars 1457 ]

Le temps s'était radoucit et Ijarkor monta avec plaisir au clocher de l'église pour sonner l'heure de la messe. Un petit vent frais venait le rafraichir, et l'encourageait à tirer de plus en plus fort sur la corde pour que les cloches fassent un boucan de tous les princes-démons.



Une fois le dernier fidèle entré dans l'édifice, Ijarkor ferma les portes. Il avait assisté la veille à diverses discussions en gargote à propos de l'application des lois, aussi décida-t-il d'axer son office sur la Justice, valeur primordiale à ses yeux.

Chers fidèles, bienvenue.

Depuis toujours, les autorités comtales tentent d'assurer un équilibre entre la liberté individuelle et l'égalité apportée par la Loi, et m'est avis que c'est un débat qui n'est pas prêt de s'épuiser !

Toujours est-il que dans le domaine des élections, sa grandeur Trokinas fut le rédacteur d'une loi qui impose de nombreuses conditions à ceux qui souhaitent présenter des listes au Conseil Ducal. Le but de cette loi est d'éviter que des incompétents et des malandrins ne prennent le pouvoir en profitant de la crédulité du peuple, et sur ce point, on peut dire que l'objectif est atteint.

Mais la loi électorale n'a pas que des avantages. En complexifiant la formation de listes aux élections comtales, elle peut limiter le choix offert au peuple. C'est ce qui risque de se passer aux prochaines élections. En effet, face à la liste Renaissance mené par messire Jakamer, s'est constitué une liste Etincelles dirigée par dame Alcyone. Mais cette liste ayant été déposée un jour trop tard, elle a été invalidée par la justice du comté.

Certes, c'est la Loi: après l'heure, c'est plus l'heure comme disent les Hélvètes. Mais le résultat, c'est que cette liste, qui ne comprend que des personnes de valeur - dont notre excellent lieutenant de police, messire Plum, ne pourra se présenter devant les électeurs, et ses membres risquent le procès pour Trouble à l'Ordre Public. Voila qui est regrettable.

Il n'est pas dans mon propos d'accuser tel ou tel. Dans cette affaire, les autorités sont dans leur droit, et les membres d'Etincelles n'avaient qu'à s'y prendre un jour plus tôt. Toujours est-il qu'une Loi, faites avec de bonnes intentions, à des effets réels qui n'étaient pas voulues par ses auteurs.

Qu'il est difficile de diriger et légiférer dans la Justice !

Ce sujet me fait penser à deux grandes personnes. La première est un archange, Saint-Michel qui fut reconnu par le Très Haut pour sa capacité à lire les coeurs et rendre la Justice et le second est Monseigneur Arnvald, le Saint Patron des magistrats, avocats et des justiciables pour la Justice, des journalistes pour la Vérité et enfin de la chevalerie pour l'Intégrité.



Je vous propose donc de lire un extrait de la hagiographie de Saint-Michel.

Citation :

A l’âge de treize ans Michel avait déjà la carrure et la force d’un adulte, aîné des garçons de la famille, c’était souvent lui qui défendait ses frères et soeurs en s’interposant face à ceux qui leurs voulaient des misères. Et bien qu’il n’ait jamais blessé personne, il était craint et respecté par ceux des faubourgs. Très vite on lui demandât d’arbitrer les conflits car on disait de lui qu’il pouvait lire dans le cœur des gens.

Quand il n’y avait pas de preuve pour départager deux personnes, il déposait sa lance sur la tête d’un des deux, et, si la lance restait en équilibre, c’est que la personne disait la vérité, dans le cas contraire il mentait. Mais très vite, il ne devait même plus utiliser sa lance.
Le seul fait d’annoncer qu’on le ferait venir, le coupable renonçait, et les choses se réglaient d’elle même. Certains disaient qu’il avait un pouvoir surnaturel, mais les plus sages savaient de quoi il en retournait.

La Justice est une valeur primordiale, d'autant plus pour les fidèles aristotéliciens. Ceux-ci se doivent de respecter ce que disait feu Monseigneur Arnvald le bienheureux : "La recherche du juste milieu aristotélicien doit guider toute action humaine". Il ne faut jamais aller à l'extrême et toujours défendre, objectivement ce que l'on pense être juste. Je vous demanderais donc de réciter avec moi une prière à Saint-Arnvald pour que celui-ci nous guide tous vers le chemin de la Justice, de la Vérité et de l'Intégrité.

Citation :

SAINT ARNVALD, tant que tu as vécu parmi nous
Tu as été l’avocat des pauvres,
Le magistrat impartial, sévère mais juste,
La Providence de tous les justiciables ;
Écoute aujourd’hui notre prière.

Obtiens nous d’aimer la justice comme tu l’as aimée.
Fais que nous sachions défendre nos droits,
En cherchant avant tout la réconciliation et la paix.
Pour que « justice soit rendue dans l’amour aristotélicien»,
Sans indulgence pour la culpabilité d’un ami ou d’un puissant.

Guide nous sur la chemin parsemé d’embûches de l’intégrité,
Capable de résister à l’attrait du pouvoir et des richesses,
Respectueux de la parole donnée et de l’idéal d’honneur chevaleresque,
Protège nous de la tentation de la facilité et de la créature sans nom.

Toi, le modèle du prélat humble,
Qui parcourais nos campagnes en quête de vérité
Bouleversant les foules par le feu de ta parole
Et le rayonnement de ta vie,
Obtiens à notre pays les hommes vrais il a besoin.

Saint Arnvald le justicier, priez pour nous,
Aide nous à concilier l’idéal du juste milieu aristotélicien
Avec ton exemple de quête de Justice, de Vérité et d’Intégrité

Je vous invite maintenant à vous rapprocher pour la communion, qui nous rappelle à chaque fois l'amour que le Très Haut nous porte et l'amour que nous lui portons et lui porterons toujours.



Allez en paix dans les tavernes , et bon dimanche !

[ Messe du dimanche 8 mars ]

Ijarkor arriva un peu fatigué à l'église. Dans sa tête, de nombreuses idées se bousculaient. Les élections comtales... la mort de l'archevêque... sa candidature pour Angoulème... le futur concordat... la démission de Plum... le visage de…

Les paroissiens s'étaient déjà installés. Il monta au préchoir, souffla deux ou trois fois pour se calmer, commença son office.

Mes amis,

Le Limousin vient de guérir d'une sanglante épidémie, la peste. Mais il est une maladie plus terrible, qui infecte le Limousin tous les deux mois. Et cette maladie, on n'en guérit pas en brulant des cadavres ou en absorbant des infusions ! Non ! Car cette maladie conduit à pire que le mort; elle emporte ceux qu'elle touche directement dans l'enfer de la Lune.

Ce fléau qui nous afflige régulièrement, et particulièrement au moment des élections, il s'agit du péché de Leviathan, la Colère. Ceux qui nous gouvernent sont comme ceux de Oanylone: ils ont perdu toute tempérance, cette faculté de se modérer, de suivre la voie du juste milieu qu’exige sa condition de croyant, de faire preuve de compréhension à l’égard de ses semblables.

• Intempérance d'un juge, qui pour quelques malheureuses heures, invalide une liste de candidats au conseil, dont la compétence et le dévouement ne sont mis en foute par personne, détournant ainsi l'esprit d'une loi juste mais sans doute trop dure;
  
• Intempérance d'une baronne, qui bien que désavouée par la Pairie, s'accroche à sa candidature, alors qu'elle pourrait tout simplement attendre les élections suivantes;
  
• Intempérance de candidats qui, emportés par la Colère, profère des menaces contre leurs adversaires politiques;
  
• Intempérance enfin d'un Comte, connu pour sa droiture, son intégrité et sa compétence, mais qui pense que sa réputation de fermeté est plus importante que la paix civile.

De tous ces gens, qui annoncent avec arrogance, pour un oui ou pour un non, leurs nombreux titres de noblesse, PAS UN SEUL n'a pensé que la véritable noblesse consiste à savoir mettre sa fierté entre parenthèse, à céder un jour pour revenir plus tard, grandit par son acte.

Pauvre Limousin, malade de ses dirigeants. Certains annoncent qu'ils veulent partir ? Grand bien leur fasse ! Espérons que ceux qui les remplaceront, même s'ils sont moins expérimenté, auront un peu plus de bon sens... Ca ne peut guère être pire de toute façon.

Ils ont même réussit à énerver notre Lieutenant, messire Plum, et à le pousser à la démission ! Ce bon Plum, qui reçut le 1er prix du flegmatique au dernier congrès de maréchaux limousins, a préféré quitter son poste, dégouté par l'attitude des autorités qu'il sert pourtant depuis de nombreuses années. Quelle tristesse.

Ijarkor soupira de dépit.

Aussi, prions maintenant Saint-Gabriel, l'Archange de la tempérance, a qui un jour, le Très Haut, qui avait pris l'apparence d'un vieil aveugle, dit:

Citation :

« Comprends peuple que c’est toi qui te distingues et non ta naissance,
comprends peuple que Dieu te jugera en fonction de tes actes et non de ta naissance.
Il te place sur le chemin, et ce sont tes pairs les hommes qui, sciemment ou pas, le rendront sinueux ou droit, t’en éloigneront ou t’en rapprocheront mais c’est à toi et seulement à toi de décider là et vers où tu marches car au final c’est pour toi que tu marches.
Certes, tu dois marcher pour tes frères, tes sœurs et pour Dieu, mais c’est ton salut qui est en jeu.
En aimant Dieu, en aimant tes frères et tes sœurs les humains, tu ne peux qu’y gagner, si ce n’est sur Terre, ce sera ailleurs, dans l’astre du jour.
C’est à toi-même et à tes frères que Dieu te confronte car ce sont là tes plus grands ennemis bien que beaucoup cherchent à être bons. »

Et souhaitons que nos prières repoussent la Bête Sans Nom et redonnent à ceux qui ne devraient se préoccuper que du biens de leurs sujets retrouvent la raison.

Citation :

Saint Gabriel archange,
ange de la Tempérance,
ouvre nos oreilles
aux doux avertissements
et aux appels pressants du Très Haut.
Tiens-toi toujours devant nous,
nous t'en conjurons,
afin que nous comprenions bien
la Parole de Dieu,
afin que nous Le suivions
et Lui obéissions
et que nous accomplissions
ce qu'Il veut de nous.
Aide-nous à rester éveillés
afin que, lorsqu'Il viendra,
le Seigneur ne nous trouve pas endormis.
Amen.

Avant de nous quitter, je dois vous faire part d'une triste nouvelle, qui vient de m'être communiqué. Monseigneur Zaguier de Bouviers, dit Zabouvski, notre Archevêque, est décédé après de longues semaines d'agonie. Toute la province de Bourges est en deuil.



Je suis trop bouleversé pour en dire plus à ce sujet, et je vous parlerais plus de cet homme qui illumina l'Eglise de sa Vertu, lors d'une prochaine messe.

Pour le moment, communions ensemble par le partage, en priant pour le salut de l'âme de Zabouvski.



Que le Très Haut vous préserve de la colère, et à dimanche prochain.

[ Messe du dimanche 15 mars 1457 ]

Les premiers rayons du soleil de printemps avait fait fondre la neige. Ijarkor avait vu passer une hirondelle, et pourtant, son coeur n'était pas à la fête.



Le Limousin était tombée sous la coupe de Léviathan, le Prince-Démon de la colère, et rares étaient ceux qui lui échappaient. Une fois de plus, Guéret semblait la ville la plus préservée. Etait-ce l'influence du Maire, Dame Aimadina, dont les derniers propos en gargote alliaient le pragmatisme à la tempérance ?

Ijarkor en avait assez des querelles politiques, et de toute façon, un autre évènement serait l'objet de son sermon. Une fois au préchoir, le curé commença ainsi.

Bonjour mes amis,

Je préfère pour une fois ne pas évoquer la situation catastrophique de notre Comté, et penser à ceux qui continuent contre vents et marées à faire fonctionner ses institutions dans l'anonymat, sans y chercher gloire et profits.

Et justement, il y a quelques jours, nous avons tous eut la grande tristesse d'apprendre le décès d'une de ses personnes, qui a consacré la plus grande partie de sa vie à faire don de sa personne à ses amis, à sa cité et à son pays. Il s'agit de DameCafetière.

Cette femme admirable ne ménagea jamais ses efforts pour le bien des habitants du Limousin et de Guéret en particulier. Ancienne Maire de Guéret, elle fut aussi Rectrice de l'Université et Grand Tribun du Limousin. Élue à plusieurs reprises au Conseil Comtal, elle occupa les postes de Bailli et de Commissaire aux Mines. Son dévouement et son efficacité lui valurent d'être anoblie et de recevoir le fief de Saint-Auvent en août 1454.



DameCafetière, vous l'avons tous plus ou moins connu, et nous avons tous un jour ou l'autre bénéficié, directement ou indirectement, de ses bienfaits. Prions donc pour son salut.



Maintenant, je propose à tout ceux qui souhaitent évoquer sa mémoire de prendre la parole, et de nous conter à haute voix les souvenirs qu'ils ont de cette Grande Dame de Gueret, et ce que cette perte évoque pour eux.

Puis, Ijarkor attendit qu'un des paroissiens prenne la parole.

Valmer a écrit:

Valmer pria pour le repos de l'âme de Damecafetière.

Je ne l'ai que peu connue, mais bien souvent les personnes les plus discrètes - comme elle le fut - sont celles qui oeuvrent le plus ardemment pour l'intérêt de tous. La communauté de Guéret doit beaucoup à cette grande Dame ...

Dans sa poignante inquiétude pour le devenir du Comté, il se rassit, écoutant les autres paroissiens.

Pomereu a écrit:

Pomereu écouta la messe . Il eut comme un noeud au fond de sa gorge lorsque le Curé parla de Dame Cafetière .
Pom était venu de sa Normandie afin d'accompagner la vieille Dame dans sa fin de vie .

Oui , c'était une grande Dame . Elle restera un model pour moi .

Il se rassit et attendit .

Delorbe a écrit:

Il se leva à la suite, et prit la parole pour rendre hommage à cette grande dame :

Je n'ai entendu que du bien de Dame Cafetière, et même si je ne l'ai jamais rencontrée, hélas! L'on m'a conté un peu de ses hauts faits et de sa dévotion pour Guéret. C'est une immense perte pour notre village. Qu'Aristote lui donne la place qu'elle a méritée, là-haut, auprès de Lui.

Et se rassit, le regard perdu dans le vague.

Sindanarie a écrit:

Sindanarie n'avait que peu l'habitude de fréquenter l'église de Guéret, à sa grande honte... Mais, quand elle avait appris le décès de DameCafetière, elle sut qu'elle ne pouvait faire autrement qu'aller lui rendre un dernier hommage. A la suite de l'office prononcé par le Père Ijarkor, celui-ci invita les présents à prononcer quelques mots. Plusieurs se levèrent, et prirent la parole. A son tour, dans la paix de l'église, Sindanarie se leva et, du fond de la nef, prononça ces quelques mots :

DameCafetière était une femme extraordinaire. L'avoir vue oeuvrer, au Conseil pour le bien du Limousin, et avoir entendu tout ce qu'elle a fait à la mairie de Guéret pour le bien de sa ville, sans relâche, sans une plainte, sans exprimer un seul regret, restera à jamais inoubliable. Elle fut un modèle d'abnégation, une femme noble de coeur et d'esprit. Aujourd'hui qu'Aristote l'a rappelée à lui, je ne peux plus qu'espérer qu'il lui donne une place au plus près de Lui. A la mesure de l'admiration que je lui porterai toujours.

Plus bas, presque pour elle-même, Sindanarie murmura, une boule douloureuse dans la gorge :

Repose en paix, Dame Caf'... Dona ei requiem...

Ce n'était pas dans ses habitudes de parler ainsi, mais pour une telle Dame, elle ne pouvait pas faire moins. C'était impossible... C'était un livre de l'histoire de Guéret qui se refermait, une nouvelle page d'un nouvel opus allait s'écrire... Mais comment ne pas regretter cette grande, cette immense Dame ? La gorge douloureusement nouée, Sindanarie ravala les larmes qui venaient lui piquer les yeux.

Aimadina a écrit:

Aimadina prit a son tour la parole.

Beaucoup a déjà été dit sur notre amie. Une vie bien remplie au service du Limousin.
Chacun le sait, Made a œuvré aussi bien au conseil comtal qu'ici dans notre bon village de Gueret dont elle fut maire.

Fidèle en amitié, loyale à son village, n'hésitant pas à donner de son temps et de ses écus pour le bien des gueretois.

Mais Made, c'était aussi une amie joyeuse qui avait toujours un bon mot au bord des lèvres.
Ne soyons pas triste et souvenons de son regard malicieux et de son sourire.
Faisons notre ce sourire. Et tant qu'il restera sur le visage d'un gueretois, Made sera toujours un peu parmi nous.

Aimadina quitta l'estrade avec un sourire attendrie aux lèvres. C'était une belle fin de vie, sereine.

Ijarkor reprit la parole.

J'ai surtout connu DameCafetière comme professeur de langue à l'université. Elle faisait passer avec le sourire les différences entre le datif et l'ablatif latin, les conjugaisons de l'optatif et de l'aoriste, et les terminaisons du duel en grec.

Elle était respectée et aimée par tous pour sa compétence et sa rigueur. J'avais toujours grand plaisir à suivre ses cours, que je ne suis pas prêt d'oublier. Et je suis sur que ses connaissances vont lui faciliter la vie -enfin, sa vie après la vie- là-haut, quand elle fera la conversation avec Aristote et Christos.

Puis, le curé reprit le Livre des Vertus.

Pour finir, je vais vous lire le récit de Sypous, qui réva de son voyage au Paradis solaire:

Livre des Vertus a écrit:

Nous atterrîmes dans un lieu magique. Tout était baigné d’une douce lumière. Où que je regardais, je ne trouvais pas la moindre obscurité. A perte de vue, il n’y avait ni habitation, ni la moindre construction. Ceux qui avaient faim se servaient sur les arbres fruitiers. Ceux qui appréciaient les plaisirs de la détente s’allongeaient dans l’herbe. Des enfants jouaient innocemment, riant et courant à travers les hautes herbes. Les sept Archanges me prévinrent qu’ils devaient me laisser, leur mission étant terminée. Je les remerciai grandement et leur dis au revoir.

Je décidai de visiter ces lieux enchanteurs. Tous ceux que je rencontrais me souhaitèrent la bienvenue en me souriant. Je leur rendais leur sourire et les remerciais. Tout respirait le bonheur, la bonté et la joie. Alors que je m’approchai d’une petite fontaine où l’eau semblait si claire que je ne résistais pas à l’envie de m’y désaltérer, je vis deux hommes discuter. Ils me remarquèrent et me firent signe de venir. J’eus alors en face de moi rien de moins qu’Aristote et Christos. Ils m’accueillirent avec la plus grande gentillesse. Ils me demandèrent si les lieux me plaisaient et si j’avais fait un bon voyage. J’étais si ému que je ne savais pas quoi répondre. Je bafouillai quelque vague parole, alors que j’essayai encore de réaliser qui se trouvait devant moi.

Cet endroit que décrit Sypous, c'est le lieu où notre amie DameCafetière se trouve à présent. Ne l'oubliez pas dans vos prières, et elle veillera sur vous comme veillent sur vous les Saints et les Archanges.

Maintenant, je vous invite à venir communier avec moi autour du pain et du vin, et à trinquer en souvenir de Dame Cafetière.



Allez en paix, et bon dimanche.

[ Messe du dimanche 22 mars ]

Ijarkor et Honoré arrivèrent de bon matin à l'église. Tandis qu'Honoré installait le pain et le vin qui servirait lors de la communion – un petit vin du Poitou qu'il avait amené spécialement pour l'occasion – Ijarkor monta au clocher pour annoncer le début de l'office.

Une fois les paroissiens installés, Ijarkor commença ainsi son sermon.

Chers Amis

Nous sommes à nouveau réuni pour partager notre Foi, et ce jour est exceptionnel, puisque nous avons la chance de recevoir dans notre paroisse le Père Honoré Saint-Cyr. Ex-diacre de La Trémouille, il a été ordonné prêtre il y a peu de temps par Monseigneur Lapinus de Cardaillac.



Le Père Honoré Saint-Cyr a bien voulu participer à cet office, aussi je vous propose de chanter le Credo en son honneur, lui qui a maintenant voué sa vie au service du Très Haut et de son église,



La prière terminée, Ijarkor reprit la paole.

J'avais indiqué il y a deux semaines que le Limousin était malade de ses dirigeants, et bien malheureusement, les choses ne se sont pas arrangées depuis. Bien au contraire, notre comté est toujours sous l'emprise de Léviathan, le Prince-Démon de la Colère.

Et Ijarkor désigna un tableau affiché au mur de l'Eglise, qui représentait le démon.



J'avais alors souligné à quel point l'intempérance d'un juge, d'un comte, de candidats au Conseil, risquait de conduire le Limousin a une impasse politique. Non seulement c'est bien ce qui s'est passé, mais cette situation a débouché sur le pire des crimes: le meurtre !

En effet, résumons la situation. Parce que Dame Alcyone a présenté sa liste quelques heures seulement après la date limite, le juge, messire Stannis l'a invalidée. Le comte Trokinas a confirmé le jugement de son juge, et la Pairie n'a fait qu'entériner la chose, privant ainsi les citoyens du comté d'un véritable choix.

Or la Loi électorale n'avait pour objectif que d'empêcher les incompétants et les paresseux d'arriver au Conseil, et non de brider le processus électoral. Trokinas le sait bien, puisqu'il est à l'origine de cette Loi. Or, tout se passe comme si cette Loi, une fois votée, était devenue un être indépendant, une sorte de dictateur devant lequel les hommes serait impuissant, obligé de suivre sans réfléchir ses préceptes,

Quelle absurdité ! Seule les Lois énoncée dans le Livre des Vertus par le Très Haut sont immuables. Les Lois des Hommes sont là pour servir les Hommes, et non l'inverse !

Si Trokinas et Stannis avaient compris cela, ils aurait autorisé la liste « Etincelle » à se présenter. Leur décision aurait été validée par la Pairie. Elle n'aurait pas mis en danger le Limousin, puisque la liste « Etincelle » respectait la Loi sur tous les autres critères, et démontrait par là-même qu'elle était constitué de personnes respectables. Un véritable choix aurait alors été offert aux Limousins, et le débat aurait porté sur les programmes des listes, et non sur le seul problème de l'inéligibilité d'Etincelle.

Mais les membres d'Etincelle ont été aussi coupables que le Comte et son juge. Ils ont fait passer leur Orgueil avant le bien-être de leur Comté, en maintenant la présence de leur liste et en validant auprès des fonctionnaires comtaux leur candidature, alors qu'ils savaient très bien que rien ne pouvait en sortir. C'est bien la colère contre la décision de Stannis qui les a conduit à une telle « politique du pire ». Certes, ils affirment maintenant ne pas vouloir aller contre la décision de la Pairie, et donc ne pas vouloir gouverner. Mais c'est trop tard !

A partir de là, Leviathan avait le champs libre. Les tensions entre le Conseil et la liste Etincelle ont été telle que certains membres d'Etincelle ont même proféré des menaces de mort envers des membres du Conseil. Ils viennent d'ailleurs d'être condamnés pour Trahison.

Finalement, les citoyens du Limousins ont eux aussi, à leur manière, sanctionné la décision du Comte, en donnant la majorité à « Etincelle », cette liste inéligible. Messire Jakamer, chef de la seule liste éligible, la liste « Renaissance », a été obligé de prendre le pouvoir par la force, et avec l'aval du Conseil précédent, pour que les fonctionnaires comtaux acceptent enfin un Conseil Comtal dont les membres d'Etincelles sont exclus.

Mais le pire était encore à venir: lors de la cérémonie d'anoblissement, le juge Stannis a été lâchement assassiné d'une flèche. La prévosté n'a pas encore trouvé l'assassin, mais celui-ci n'est finalement qu'un instrument de Léviathan. N'oublions pas que des menaces de morts avaient déjà été proférées par certains. Le meurtre infâme de Stannis est donc la conséquence de la haine qui s'est installée entre les dirigeants de notre Comté.

Ijarkor fit une pause, et reprit un ton de voix plus pausé.

Heureusement, nous, Fidèles Aristotéliciens, savons pratiquer une Vertu qui nous empêche de désespérer : la Conviction, qui est l’espérance en un avenir plein de promesses. Nous savons que Dieu nous aime, et que si nous luttons pour que les hommes résistent aux péchés, alors viendra l'Amitié Aristotélicienne: la situation s'améliorera, et nous vivrons dans un monde meilleur. Nous devons avoir l'espoir que le nouveau Comte, messire Jakamer, saura gouverner avec sagesse, en ignorant les querelles du passé, et construira un avenir nouveau pour le Limousin.

Et pour illustrer cette vertu, je vais vous lire un extrait de l'hagiographie de Sainte-Raphaelle, l'Archange de la Conviction:

hagiographie de Sainte-Raphaelle a écrit:

Raphaëlle approchait d’Oanylone et déjà le voile de discorde qui pesait sur la ville se faisait sentir. En effet, la créature innommée avait semé le doute dans les cœurs afin que l’on se détourne de la vérité et cela avant qu'elle ne parte faiblement pressentant la réaction de Dieu.
De plus en plus, la population se scindait en deux groupes, ceux qui restaient fidèles à Dieu et ceux qui croyant ou non se laissaient pénétrer par le doute.

Que les hommes étaient faibles, il leur suffisait d’entendre que Dieu n’existait pas pour s’en détourner. Il était encore plus facile de dire que Dieu ne les aimait pas et qu’il n’y avait plus d’espoir, comme cela aucun péché ne se voyait empêché par une raison valable.
Raphaëlle voyait cette faiblesse, pour cela, elle se réunit avec une poignée de frères et soeur et gardait espoir ainsi que la ferme conviction que Dieu les aimait. Elle priait pour que chaque homme voit en lui le chemin de Dieu, pour que chacun voit qu’il ne marche pas seul.
La conviction et l’assurance dont elle faisait preuve lui permettaient de prêcher et elle put convaincre seulement par la parole de nombreuses personnes.

Ijarkor referma le Livre des Vertus

La vie réserve à tous les hommes des épreuves souvent pénibles, et je pense que nous sommes nombreux, ici, à avoir souffert à un moment ou à un autre de notre vie. Et si, à ce moment-là, nous n'avons pas sombré dans le désespoir, c'est parce que Sainte-Raphaëlle nous a soutenu, et qu'elle nous a influé la conviction que nous pouvions nous en sortir par nous-même.

Je vais maintenant céder la parole au Père Honoré Saint-Cyr, qui va nous conter comment lui aussi a pu surmonter une épreuve grâce à la Conviction.

Honore.saint_cyr a écrit:

Après avoir fait une toilette sommaire et passé de nouveaux habits, Honoré avait retrouvé le père Ijarkor à guérêt, tout le monde connaissait le curé et on lui avait indiqué l'endroit où il vivait, ce n'était jamais très loin de l'église.

C'est en clopinant que l'homme suivit le curé du village jusqu'à l'église où il se prêta volontiers au rôle de diacre en préparant l'office, le vin de messe serait autrement meilleur que les autres fois pensa l'homme en souriant....

Ensuite, Honoré alla s'installer parmi les fidèles en attendant que son ami le curé l'invite à se joindre à lui pour animer l'office, il avait, pour se faire, préparé sa petite contribution.

Le père Ijarkor invita les fidèles à réciter le crédo aristotélicien en l'honneur de son hôte, Honoré se leva et rougit, il dit:

- Merci mon père pour votre chaleureux accueil!


Et il entonna le crédo avec les fidèles:



Dés la prière terminée, le père ijarkor poursuvit son sermon, il faisait surtout référence aux évènements qui secouaient le limousin, Honoré apprécia réellement la façon dont le curé abordai le sujet, combien de fois ne s'était-il pas fait critiquer par les poitevins lorsqu'il faisait référence à la politique de son comté...en écoutant le père Ijarkor il fut rassuré, son voyage lui ouvrirait l'esprit et le conforterait dans ses opinions et croyances, il ne faisait aucun doute.

C'est alors que le père Ijarkor laissa la parole à Honoré...il se leva et se glissa derrière l'autel pour assurer le suivi de la messe comme convenu avec le père Ijarkor:

Mes amis, mes enfants,

Je remercie le père Ijarkor pour la confiance qu'il me témoigne, j'enseigne des pastorales depuis un certain temps déjà, c'est lorsque le père Ijarkor est venu proposer ses services que nous nous sommes rencontrés, d'emblée nous nous sommes compris, nous avons beaucoup de choses en commun en plus de la Foy en notre créateur, nous avons un ressenti semblable quant à la religion aristotélicienne, c'est un grand honneur qu'il me fait de m'accepter dans sa paroisse et de m'inviter à me joindre à lui pour officier, je vais essayer de faire de mon mieux pour compléter son homélie que j'ai particulièrement appréciée.

Revenons à l'Archange Rphaëlle, Selon L’étymologie du prénom « Raphaël » il viendrait de l’hébreu et voudrait dire " Dieu guérit " ou " Dieu seul guérit ", croyons-le volontiers, en nous référant au livre de vertus nous constatons que Raphaëlle est l’archange de La conviction, c’est à dire l’espérance en un avenir plein de promesses, comme l'a si bien dit le père Ijarkor.

Nous avons tous un jour douté dans notre vie, douté de nos capacités, de l’humanité en général, les épreuves auxquelles nous devons faire face nous usent, le désespoir nous assaillit, combien de fois n’avons-nous pas pensé que justement nous ne devrions pas posséder le don de la réflexion, que ça serait plus facile, qu’on devrait être comme le chien ou le baudet, ou peut-être même comme une jolie plante, le découragement nous guette, ça nous pourrit l’existence, tout doucement on s’apitoie sur nous-mêmes, notre cœur se durcit, c'est-à-dire qu’on se détourne des autres et forcément du message divin.

Les hétérodoxes n’auront pas d’échappatoire, rien à quoi se raccrocher, tandis que nous les aristotéliciens nous savons que Dieu ne nous abandonne pas, nous continuerons à avoir la Foy, cette Foy qui nous servira de thérapie, cette foy qui nous fera soulever des montagnes, cette foy qui nous fera rencontrer des gens biens à côté desquels nous ne passerons pas sans les voir.

Un célèbre proverbe dit : « aide-toi et le ciel t’aidera », il prend tout son sens, dans le premier tome du livre des vertus, le mythe aristotélicien part I la Préhistoire, je vous cite ce passage :

Citation :

Dieu n’intervint plus dans le monde, laissant Ses enfants vivre et prospérer. Il avait donné à la créature qu’Il n’avait pas nommée la liberté de les tenter pour qu’ils doivent avoir à choisir entre le chemin de la vertu et celui du péché. Etant omniscient, Il savait déjà comment serait leur avenir, mais il voulait que ce soit à eux de faire leurs preuves, sans les juger par avance.

C’est ce que nous appelons le libre arbitre.

Avant d'en appeler à Dieu, il faut savoir fournir les efforts nécessaires. Autrement dit, avant de se plaindre, il faut examiner et tenter toutes les solutions possibles, nous devons faire nos preuves et nous montrer dignes de l’amour Du Tout haut, une fois les efforts accomplis, on peut alors s’en remettre à notre créateur.

Pour l’anecdote, j’aurais dû être le curé d’une paroisse mais ça ne s’est pas passé comme je l’aurais souhaité, j’étais forcément déçu de la situation, ça m’a découragé, je me suis donc remis en question en me demandant si j’étais déjà prêt à assumer cette tâche et je me suis dit que dans un premier temps je voyagerais pour aller à la rencontre des gens, quel meilleur objectif que d’apprendre des autres, aller écouter des sermons de ses confrères, rencontrer mes amis dans leur environnement, bref, j’ai bouclé ma besace avec quelques écus et de quoi me nourrir, j’ai sellé ma jument Eminence grise et je suis parti.

Malheureusement après deux jours de voyage, durant la nuit, lorsque je dormais à point fermé, j’ai été réveillé par un brigand, nous nous sommes battus, il m’a laissé inanimé dans le fossé et je n’ai pu éviter qu’il me détrousse de mes possessions, tout avait disparu…mais j’étais vivant, un peu cabossé mais vivant.

J’aurais pu faire marche arrière mais je suis reparti jusqu’à la ville la plus proche afin de poser des questions, dés que j’ai eu assez d’informations, j’ai porté plainte, ça n’aboutira sans doute jamais mais qu’importe…après avoir fait le nécessaire pour me fournir quelques miches de pain, je suis reparti, il n’était pas question que ce gredin m’abatte moralement, j’avais promis au père ijarkor de passer le saluer et dire une messe avec lui et même clopi, clopant, je suis parmi vous aujourd’hui, je puis vous dire que votre curé est un homme bon et généreux, il a été d’un grand réconfort pour moi, j’ai su qu’il était un véritable ami, de ceux qu’on peut compter sur les doigts d’une seule main.

Alors, Oui dieu est le seul qui puisse nous guérir à partir du moment où nous avons la Foy et en lui car avoir Foy en notre créateur, c’est avoir Foy en nos semblables et en nous.

Merci mon père de m'être laissé m'exprimer, merci infiniment, ça me manquait.

Honoré ayant terminé, Ijarkor reprit la parole

Merci mon frère. Je ne connaissais pas l'origine du nom de Sainte-Raphaëlle, et en effet, "Dieu guérit" correspond tout à fait à l'effet qu'a la Conviction sur le coeur.

Pour ce qui vous est arrivé, je dois dire que votre réaction vous honore. Ce bandit n'en voulais qu'à vos biens, mais sa main était guidée par la Bête Sans Nom. Et même s'il a réussit son coup, la Bête Sans Nom elle, a échoué ! Elle n'a pas réussit à affaiblir votre Foi ni votre volonté, et c'est là l'essentiel.

Ijarkor prit Honoré dans ses bras dans un salut fraternel, puis se tourna vers l'assemblé des paroissiens et éleva la voie.

A présent, peut-être que certains d'entre-vous ont aussi une anecdote à raconter ? Une tranche de leur vie où, confronté à l'adversité, ils ont écarté le désespoir et gardé Foi en l'avenir.

Si c'est le cas, alors je les invite à prendre la parole. Leur exemple restera ainsi dans les mémoires, et soutiendra ceux qui, plus tard, devront à leur tour faire face aux aléas de la vie.

Puis, Ijarkor attendit qu'un des paroissiens prenne la parole.

Honore.saint_cyr a écrit:

Le père Ijarkor poursuivit l'office et lorsqu'il parla de la bête sans nom qui n'avait pas eu d'emprise sur Honoré, l'homme lui sourit, en effet, Honoré n'avait ressenti aucune colère, il était juste un peu ennuyé mais il trouva rapidement une solution, sa Foy en Dieu était sans limite, il répliqua:

- En effet, mon père, elle n'a pas réussi à vaincre ma foy en notre créateur et pourtant c'est une maligne....

Le père Ijarkor prit Honoré dans ses bras et les deux clercs se firent des accolades fraternelles...

Après que les paroissiens aient pris la parole (ou pas^^), Ijarkor se dit qu'il était temps de conclure l'office.

Mes amis, quelles que soient les épreuves qui secouent notre Comté, c'est notre amour pour lui qui le sauvera. Certains nobles, qui ont juré fidélité à ce pays, veulent partir à la première difficulté ? Grand bien leur fasse ! Le Limousin n'a pas besoin d'allégeances factices. Qu'ils laissent la place à une nouvelle génération de jeunes gens pleins d'idées, pour qui les vieilles querelles ne représentent rien.

Ijarkor fit une pause, un peu ému.

A vrai dire, je vais m'absenter moi-aussi, mais pour une durée limitée. J'avais en effet prévu de faire un voyage d'étude, afin de lire les ouvrages d'Aristote et de Platon disponibles dans les universités d'autres duchés. Et voila, le moment est venu. Je pars jeudi prochain, avec mon ami Honoré. Messire Paul Blackathena a accepté de nous accompagner pour nous servir d'escorte.

Je serais de retour dans un mois environ. En attendant, je vous invite a venir partager, une dernière fois, le pain et le vin, un bon cru poitevin que le Père Honoré nous a apporté, dans la communion, ferment de l'amitié aristotélicienne future.



Bon dimanche, et à dans un mois. Je vous embrasse tous !